Drame à Kalehe : La lutte contre la déforestation devrait être une urgence

Article : Drame à Kalehe : La lutte contre la déforestation devrait être une urgence
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8 mai 2023

Drame à Kalehe : La lutte contre la déforestation devrait être une urgence

C’est une nouvelle catastrophe qui vient de frapper la République Démocratique du Congo. Dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 mai 2023, des pluies diluviennes qui se sont abattues sur le territoire de Kahele au nord de la province du Sud-Kivu ont causé de nouvelles pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels.

Le bilan encore provisoire de cet incident, fait état de plus de 400 morts, plusieurs disparus et des personnes blessées, selon les sources locales. La société civile du Sud-Kivu, elle, estime le nombre de décès à environ 500 personnes, si on compte les personnes disparues jusqu’à ce jour. On peut s’inquiéter, dans les jours à venir, de la dégradation de l’atmosphère après la décomposition des corps non retrouvés.

Des centaines des maisons ont également été emportées, et des villages entièrement dévastés par des débordements des rivières. Pire encore, plusieurs familles ont péri dans ce nouveau drame survenu à l’est de la RDC. Parents et enfants ensevelis par la boue, des maisons complètement détruites, la route nationale numéro 2 reliant la province du Sud-Kivu à celle du Nord Kivu coupée. Une situation plus catastrophique qu’on ne puisse l’imaginer.

Les habitants qui ont miraculeusement survécu restent sous le choc de cette catastrophe. C’est le constant que nous avons fait en nous rendant sur le lieu, dans la journée du 5 mai 2023.

Ces images décrivent les dégâts causés et la situation actuelle dans les villages les plus touchés, parmi lesquelles Bushushu, Nyamukubi et Chabondo, situés au bord du lac Kivu.

Une intervention humanitaire urgente est nécessaire

C’est toute la communauté internationale qui est alertée par cette énième catastrophe qui vient de frapper le territoire de Kalehe, une catastrophe laissant à son passage un besoin humanitaire considérable.

Si le gouvernement congolais a décrété un jour de deuil national en hommage aux victimes de cette catastrophe, le chef de l’exécutif provincial, lui, a promis son assistance matérielle, et la prise en charge des frais d’enterrement des personnes décédées.

Bien au-delà de ces dispositions, plusieurs organisations humanitaires se mobilisent pour apporter une aide aux victimes ; l’urgence étant de trouver un abri aux survivants, leur fournir une première aide en vivres et non-vivres, et bien d’autres actions qui se préparent.

L’une de première assistance humanitaire dépêchée sur place (Crédit Photo : Norbert Rugamika, avec son accord)

De son côté, la société civile et MSF en appellent à une intervention urgente de la communauté internationale, ainsi que celle des autorités politiques et religieuses du pays. La situation est plus préoccupante que jamais.

Une inhumation vraiment « inhumaine » des victimes

Et si la presse tant locale, nationale qu’internationale ne s’intéresse qu’à la situation humanitaire, la façon dont les corps ont été inhumés laisse à désirer. Une fausse commune lamentable, des personnes enveloppées rien que dans des bâches, puis ensevelies par la boue,… Une inhumation inhumaine des victimes.

C’est tous les mouvements sociaux du Sud-Kivu qui critiquent la « prise en charge » des « frais d’enterrement » par le gouvernement. Dans la ville de Bukavu au Sud-Kivu, un cercueil digne coûte moins de 35 dollars, cela estimé au nombre des personnes décédées, les autorités congolaises ont plutôt préféré allouer des fonds de déplacement aux délégations qui se sont rendues sur place, au lieu d’organiser des funérailles dignes des victimes.

Mieux serait de laisser chaque famille se charger de l’enterrement de ses membres, que de voir nos compatriotes enterrés comme des moutons. C’est simplement déplorable.

La situation était pourtant évitable

C’est la troisième fois en dix ans, que tel drame se produit sur le même lieu, en territoire de Kalehe. Il y a de cela dix ans, les eaux des rivières, débordées par des pluies torrentielles, ont encore emporté des centaines des milliers d’habitants dans le lac Kivu. Et ceci n’est qu’une des conséquences néfastes de la déforestation qui s’observe dans les villages qui ont été touchées en particulier, et sur l’étendue de la RDC en général.La population locale, au-delà de leur survie qui dépend de la commercialisation des braises issues d’arbres coupées, se cherche des lieux d’habitation sur des flancs de montagnes, abattant ainsi les arbres, sans autant appliquer la règle de deux arbres plantées pour une coupée.

Cette catastrophe devrait interpeller les autorités nationales et les organisations internationales qui ont en charge l’environnement, sur la nécessité de protéger les zones vertes, une des solutions efficaces contre le changement climatique. Et ce n’est pas seulement Kalehe qui est concerné, c’est la survie de toute l’humanité qui en dépend.

Nous sommes tous appelés à être des activistes de la protection de nos écosystèmes. Les conférences sur le climat qui se tiennent à travers les monde et au courant des années devraient trouver des solutions urgentes pour limiter l’abattage non contrôlé des arbres partout dans le monde.

Parce que demain c’est loin, notre futur c’est la seconde d’après !

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